Qui est May P.

Biographie de May Picqueray par Pierre Mattei, merci à lui!

Vous pouvez emprunter le livre « May la réfractaire, 81 ans d’anarchie », à la bibliothèque Anarchiste·S et Féministe·S des Ami·e·s de May de Saint Nazaire.

Le cinéaste libertaire Bernard Baissat lui a consacré un film : « Ecoutez May Picqueray »


« Le 3 novembre 1983, mort de Marie-Jeanne (dite May) , PICQUERAY,  à Paris.
Militante anarchiste , anarcho-syndicaliste et antimilitariste.
Elle est née le 8 juillet 1898, à Savenay (Loire-Atlantique) dans un milieu modeste .

Bonne élève à l’école,  elle commence pourtant très tôt à travailler chez un négociant puis chez une institutrice qu’elle suivra à Montréal au Canada,  comme jeune fille au pai ,  et où elle poursuivra ses études et obtiendra le bac .

Durant la guerre,  elle perd son emploi lorsque sa famille d’accueil est décimée,  et est rapatriée en France. Elle trouve un emploi de dactylo bilingue et d’interprète,  se marie avec un officier de la marine marchande puis s’en sépare.

Venue à Paris en 1918,  elle travaille comme sténo à l’Institut d’histoire géographie,  un étudiant en médecine Dragui Popourtch avec qui elle se lie lui fait découvrir l’anarchisme . Elle assiste aux conférences de Sébastien Faure et rejoint le groupe des Jeunesses Libertaires du 13ème et 5ème arr.  avec qui elle prend part aux sorties champêtres et fréquente le cabaret de « la Muse Rouge ». Elle milite également aux Jeunesses syndicalistes.

Sa rencontre en 1921 avec Louis Lecoin sera déterminante pour son engagement antimilitariste . Lors de l’affaire Sacco et Vanzetti , elle soutient activement les deux anarchistes, et n’hésite pas à envoyer un colis piégé à l’ambassade des Etats-Unis dans le but de sensibiliser l’opinion sur leur cas.

Devenue secrétaire administrative de la Fédération des Métaux, elle assiste au congrès de scission de la CGT à St-Etienne , en 1922 , qui donne naissance à la CGTU . Elle y sera désignée, avec le secrétaire fédéral Louis Chevalier , pour participer au congrès de la IIe Internationale syndicaliste rouge à Moscou en novembre 1922.

Lors du voyage et de son passage par Berlin,  elle rencontre Rocker, Souchy, Berkman et E. Goldman (qui lui signalent les cas des anarchistes emprisonnés en Russie). A Moscou , elle manifeste ses opinions anarchistes et intervient auprès de Trotsky et obtient finalement la libération de Mollie Steimer et Sonya Flechine (tous deux membres de la Croix noire anarchiste et condamnés à la déportation sur les îles Solovietski). Les autorités françaises lui ayant refusé un passeport au départ, elle est arrêtée à son retour en France puis condamnée à 45 jours de prison pour usage de faux-papiers.

Elle quitte peu après la C.G.T.U,  lorsque celle-ci passe sous le contrôle communiste et prend part le 11 janvier 1924 aux bagarres contre les communistes (où deux anarcho-syndicalistes seront tués).

Elle travaille ensuite comme correctrice dans un journal régional puis durant trois ans comme secrétaire d’Emma Goldman à St-Tropez. Mais elle est arrêtée et emprisonnée durant plusieurs mois pour une affaire d’espionnage à laquelle elle était totalement étrangère. Elle vit un temps avec un pêcheur puis occupe ensuite divers emplois dont celui de secrétaire pour Joseph Kessel.

De retour à Paris durant la guerre d’Espagne , elle travaille avec une association de Quakers apportant son aide aux réfugiés et en particulier à l’évacuation des enfants espagnols . En 1940,  à Toulouse,  elle vient en aide aux réfugiés internés dans les camps du sud de la France et en particulier celui du Vernet où elle parviendra à faire évader plusieurs personnes directement menacées pas les nazis . De retour à Paris,  elle réalise des faux-papiers et travaille avec des réseaux de résistants.

A la Libération , elle reprend son métier et milite dans le Syndicat des correcteurs . Elle soutient l’action de Louis Lecoin en faveur des objecteurs et insoumis au service militaire, puis fondera à sa mort l’association des « Amis de Louis Lecoin ».

En 1974 , elle crée le journal « Le Réfractaire » qu’elle publiera jusqu’à sa mort .

A noter qu’elle aura eu le temps d’avoir trois enfants: Lucien, Marie-May et Sonia (qui vivra avec le peintre surréaliste Georges Malkine).

Cette militante infatigable , qui participera encore le 30 juillet 1977 à 79 ans,  à la manifestation antinucléaire de Creys-Malville , a raconté ses années de luttes dans un livre : « May la réfractaire, 81 ans d’anarchie » (1979) (réédité après sa mort : « Pour mes 85 ans d’anarchie ») dont est extraite cette citation :

« Les premiers mai 1920 et 21 furent particulièrement sauvages . En sortant de la Bourse du Travail , place de la République , les gardes à cheval nous chargèrent à coup de plat de sabre , et l’un deux me claqua la face de telle manière que je crus avoir la tête décollée . Je conservai longtemps la trace de son sabre sur mon visage . »